Recommandations pour 6 pays du 82ème cours PBF de Cotonou

Le dernier cours FBP de 2019 s’est déroulé à Cotonou du 2 au 14 décembre 2019 avec 32 participants de six pays (Mali, Comores, Gabon, Mali, Niger, RDC et RCA). Huit groupes (trois groupes de la RCA) ont développé d’excellents plans d’action qui, s’ils sont mis en œuvre, feront grandement progresser le FBP dans les pays et secteurs respectifs.

Ici le rapport détaillé du cours.

STATUT DU PBF DANS LES PAYS ET SECTEURS AVEC LES PRINCIPAUX MESSAGES :

  • Tous les participants ont réussi le post-test! Toutes nos félicitations

    En RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE, environ 50% de la population est couverte par le FBP, et le gouvernement a décidé de déployer vers la fin de 2020 les réformes à l’échelle nationale avec un financement du gouvernement, de la Banque mondiale et de l’Union européenne. Des ONG telles que Première Urgence Internationale – qui ont suivi le cours de Cotonou – peuvent également commencer à jouer un rôle actif.

  • En RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO, les réformes du PBF progressent bien et 40% de la population est couverte par le PBF. Le montage en RCA et en RDC est relativement “pur” en termes d’application des meilleures pratiques PBF. Cependant, les participants de ces deux pays à Cotonou proposent également plusieurs améliorations.
  • Aux COMORES, 50% du pays est couvert de PBF et le pays propose de se développer en 2021 vers un montage PBF « plus pur » par rapport à l’actuelle montage. Les six participants à Cotonou, dans leur plan d’action, ont proposé plusieurs améliorations dans le montage et préconiseront une plus grande appropriation du PBF parmi les principaux décideurs.
  • Au GABON, la planification du financement basé sur la performance a commencé début 2017 avec un financement gabonais dans le secteur de la santé, mais la mise en œuvre n’a pas encore commencé. Cela peut être dû à un manque de clarté sur les procédures financières et à la volonté du gouvernement de fournir les fonds. Le ministère des Finances du Gabon vise à lancer un programme pilote de FBP et pourrait également aider le ministère de la Santé à progresser avec le FBP.
  • Le MALI a connu de longs retards dans le démarrage de l’extension du FBP malgré le fait que deux projets pilotes ont donné d’excellents résultats. Pourtant, le gouvernement du Mali avec le soutien de la Banque mondiale, le gouvernement néerlandais et le GFF visent désormais à lancer un grand projet pilote PBF de 4 ans relativement « pur » en 2020 pour 5,8 millions de personnes et un budget de 66 millions de dollars sur quatre ans. Une grande équipe de 14 personnes du Mali était à Cotonou pour améliorer le montage du programme et pour apprendre le FBP.
  • Le NIGER a aussi connu de longs retards dans le démarrage de l’extension du PBF malgré le fait que le projet pilote ait montré d’excellents résultats. Les raisons des retards sont : 1. Un manque d’appropriation du PBF par les décideurs. PBF est resté en « mode projet » ; 2. Retards dans l’intégration effective de la Cellule Technique Nationale PBF au Ministère de la santé ; 3. Faiblesses dans le montage du programme PBF. Les participants nigériens à Cotonou visent à relancer le PBF avec le démarrage d’un vaste programme pilote.
  • En République Centrafricaine, les MINISTRES DE LA JUSTICE ET DE L’INTÉRIEUR avec le soutien de Cordaid visent à lancer un programme PBF. L’expérience dans d’autres pays avec le PBF dans ces secteurs comme en RDC a montré de bons résultats.

   Image dans le temple des pitons à Ouidah

Un problème dans de nombreux pays est que les lignes budgétaires PBF ne sont pas efficacement intégrées dans le budget du gouvernement et les procédures liées à la loi des finances.

Il peut également y avoir un manque de clarté concernant les procédures financières et juridiques nécessaires pour débourser le budget de l’État par le biais de paiements de performance directement aux structures de santé périphériques et à la population plutôt que par le biais des procédures d’input classiques.

Un autre problème général est que dans plusieurs pays, certains décideurs hésitent à transformer le financement à travers les « inputs » moins transparent en un financement axé sur les résultats, qui transmet l’argent directement aux prestataires et à la population. Cette dernière approche est plus transparente et moins susceptible de conduire à la corruption. Le meilleur moyen d’y remédier est d’offrir des contrats de performance à tous les principaux acteurs et services des ministères de la santé et des finances, ce qui leur permet d’obtenir une rémunération compétitive suffisante pour ne défendre que l’intérêt public.

     Sculpture dans la ville de Ouidah

LE COURS FBP DE COTONOU

Le dernier cours FBP est déroulé à Cotonou du 2 au 14 Décembre 2019 avec 32 participants de six pays : Mali (14x), Comores (6x), RCA (4x), RDC (4x), Gabon (2x), et Niger (2x).  Il y avait aussi deux autres secteurs présents pendant le cours : Ministère des Finances de Gabon et les Ministères de la Justice et de l’Intérieur de la RCA. Cela montre que le PBF n’est pas seulement une reforme dans le secteur de la Santé.

Trente-deux participants ont fait le posttest et le score moyen était de 72% ce que signifiait une progression moyenne par rapport au pré-test de 28%. Sept participants ont obtenu un certificat de distinction avec un score de 87% ou plus pour le test final du cours. Nous félicitons le groupe qu’aucun participant n’a obtenu un certificat de participation avec un score de 50% ou moins !

Pour les certificats de distinction, il s’agit de :

Avec 87% (4 erreurs sur 30)

  • Dr. Johny IKWA, Coordinateur de l’EUP (ACV) de la Province de Tshuapa en RDC
  • Dr. Abdallah AHMED, Coordonnateur COMPASS – Projet financé Banque Mondiale aux Comores
  • Dr. Mohamed DIAMALDINE, Directeur Régional de Santé de Mohéli aux Comores
  • Mme Dalla MAGASSOUBA de l’UGP de Panier Commun au Mali

 Avec 90% (3 erreurs sur 30)

  • Dr. François KANDU, Médecin Chef de la Zone de Santé Budjala en RDC

Avec 93% (2 erreurs sur 30)

  • Dr. Jean Marie MOKOLA, Coordinateur de l’EUP (ACV) de la Province de Sud Ubangi en RDC
  • Dr. Naye CAMARA, Médecin de CANAM au Mali.

ÉVALUATION PAR LES PARTICIPANTS CONCERNANT LE COURS DE COTONOU

 Autorités du village 82 à Cotonou

Les évaluations quotidiennes du cours ont connu un score de 81%, ce qui est 2 points supérieur à la moyenne des 46 cours francophones précédents. Le dernier jour du cours les participants ont fait une évaluation qui montre un score de satisfaction de 91% pour la préparation et les impressions générales du cours. L’organisation était évaluée comme bonne sauf pour la qualité de l’hôtel. Ce dernier a obtenu un score bas de 21% et également la nourriture était évaluée mal avec 25%.

L’esprit ouvert des facilitateurs a été évalué à 93%. La majorité des modules était évaluée d’une manière satisfaisante sauf l’économie (61%) l’outil indices à 48% et le costing à 44%. Ces derniers deux modules n’ont pas eu suffisamment de temps.

Recommandations concernant la méthodologie du cours :

  • Revoir comment dispenser les modules d’économie et économie, outil indices et costing de santé pour une meilleure assimilation des participants ;
  • Revoir comment on peut diminuer le nombre des modules et du matériel à dispenser de la manière que les autres modules du cours auront suffisamment du temps ;
  • L’Hôtel Atlantique Beach Benin n’était pas bien évalué. La proximité de la plage et la distance du centre-ville de 5-7 kilomètres rend sa localisation très optimale pour que les participants puissent se concentrer sur le cours au lieu de se distraire dans le centre-ville. L’Hôtel n’est pas très fréquenté, le personnel n’est pas professionnel, et il y a souvent des problèmes avec l’eau et l’internet. La nourriture est parfois insuffisante. Changer pour un meilleur hôtel nécessitera également une augmentation des frais de cours.

LES SIX COURS FBP DE 2019 (MOMBASA, DOUALA, COTONOU)

Ce rapport est le dernier des 6 cours PBF organisés en 2019 par SINA Health, le Fonds Régional de Promotion de la Santé du Littoral et BEST-SD respectivement à Mombasa, Douala et Cotonou.

Au total, nous avons accueilli 248 participants de 17 pays dans trois cours francophones et trois cours anglophones. Les principaux contributeurs aux cours venaient du Cameroun (116x), du Nigeria (33x), du Libéria (15x), du Mali (14x), de la République centrafricaine (14x), du Burundi (9x) et de l’Éthiopie (7x). Parmi les 8 autres pays, il y avait entre 1 et 4 participants. Il y avait 65 participants féminins (26,2%), ce qui est une proportion trop faible.

Le score moyenne pour le posttest des six cours était de 69% et la progression moyenne par rapport au pré-test était de 23%. 32 (= 12,9%) participants ont obtenu une distinction avec un posttest score de 87% ou plus tandis que 21 (= 8,5%) participants ont obtenu un certificat de participation avec un posttest de 50% ou moins.

RÉSUMÉ ET RECOMMANDATIONS DE CHAQUE GROUPE DE COTONOU 

1. RDC

       Présentation du plan d’action de la RDC

Le PBF en RDC couvre 30 millions habitants et a été développé pendant les derniers 15 ans. Il est devenu globalement une des interventions « le plus pure » en termes de suivre les meilleures pratiques et les théories liés au PBF.

Les problèmes en RDC identifiés par les participants sont :

  • Les contrats sont signés entre trois ou quatre parties au lieu de deux : Les ACV provinciales ne signent pas seulement des contrats avec les responsables des FOSA, mais en même temps avec les autorités du district et le président des comités de santé ;
  • Absence de sous-traitance entre le principal titulaire du contrat du centre de santé et les postes de santé et structures privées dans la zone de santé. Cela signifie que ces structures de santé non contractées échappent au contrôle des autorités réglementaires et risque de produire des services de mauvaise qualité ;
  • Application de paiements forfaitaires lors des visites dans les établissements de santé au lieu de frais variables en fonction des médicaments et des services consommés. Cela conduit à un recouvrement inadéquat des coûts des médicaments essentiels, des consommables, etc., à l’utilisation de médicaments de mauvaise qualité et à la démotivation des agents de santé ;
  • Plusieurs centres de santé de référence, qui desservent la population avec le paquet hospitalier, ne sont pas reconnus par le Ministère ;
  • Absence de contrats entre le Ministère de la Santé et l’Inspection Provinciale de la Santé ;
  • Absence de contrats entre les centres de santé et leurs comités de santé ;
  • Le budget actuel du FBP est d’environ 3,00 $, ce qui est inférieur aux 4,00 $ recommandés par personne et par an ;
  • Le financement gouvernemental pour le FBP est trop faible, seulement environ 10% contre 90% pour le financement extérieur ;
  • Existence d’un monopole d’approvisionnement en médicaments par les centres de distribution provinciaux et fourniture par partenaires de médicaments en « inputs » ;
  • Les bonus d’amélioration de la qualité ne sont accordés qu’une seule fois au début du projet au lieu d’être des investissements réguliers pour améliorer les infrastructures, les équipements et les ressources humaines ;
  • Les FOSA ne sont pas autorisées à recruter ou licencier leur personnel, interférences politiques, recrutements et affectations anarchiques.

 Recommandations RDC

  • Plaidoyer pour la mobilisation et l’allocation des ressources dans le secteur santé en fixant les taxes en faveur du PBF ;
  • Plaidoyer pour l’octroi de BAQ aux FOSA par une mobilisation des ressources locales en faveur du PBF ;
  • Accréditer les distributeurs en gros de médicaments dans chaque province et centres commerciaux ;
  • Garantir la disponibilité et l’efficacité des pharmaciens régaliens au niveau des provinces ;
  • Respecter le principe de la signature binôme des contrats ;
  • Procéder à la signature du contrat entre l’ACV et les centres de santé de référence avec paquet adéquat ;
  • Procéder à la signature des contrats secondaires entre les CS et les structures privées viables et postes de santé ;
  • Procéder à la signature du contrat entre CS et le CODESA.

2. L’Union des Comores

La population de l’Union des Comores est estimée à 742 000 habitants. La santé de la mère a connu une évolution positive ces dernières années. Le taux de mortalité maternelle est passé de 517 cas en 1996 à 172 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2012. Cependant, le système de santé aux Comores a plusieurs problèmes comme la faible qualité des services, l’accès inéquitables, la faible motivation du personnel et une forte centralisation des ressources. En plus, le budget de santé dépend fortement des dons. De nombreux ménages déjà pauvres connaissent une aggravation de la pauvreté due aux paiements directs.

Un projet PBF a été mis en place en 2011 avec le soutien de l’Agence Française de Développement (AFD) et qui a montré des résultats prometteurs. L’intégration de l’approche PBF dans le système de santé est devenu une stratégie du gouvernement. Avec le soutien de la Banque Mondiale, le pays prévoit d’étendre cette expérience aux autres structures non couvertes jusqu’à fin 2020 avec l’approche AFD, mais à partir de 2021, le pays testera l’approche PBF « pur ».

Pour cette raison une équipe de six personnes a assisté au cours de Cotonou. Elle a constaté que pour mieux bénéficier du système PBF, il faut introduire les meilleures pratiques. Le score de faisabilité qui analyse la « pureté du système PBF » était de seulement 28%. Les problèmes principaux sont l’absence du budget du gouvernement au programme, l’insuffisance d’appropriation du programme par le Ministère et l’absence d’autonomie des structures. Le projet PBF n’a pas aussi encore intégré les instruments techniques et de la rémunération pour la qualité des soins.

Recommandations

  • Restitution de la formation PBF au niveau national et insulaire (autorités, autres secteurs, partenaires, etc.) ;
  • Introduction d’une note d’information et de plaidoyer en Conseil des Ministres ;
  • Développement d’un plan de communication sur le PBF pour toutes les parties prenantes y compris les partenaires ;
  • Organisation des rencontres de plaidoyer et de formation sur le PBF à tous les niveaux
  • Révision du manuel PBF ;
  • Plaidoyer pour l’inscription d’une ligne budgétaire PBF dans la loi des Finances ;
  • Plaidoyer pour une dérogation, qui assure l’autonomie de gestion des formations sanitaires PBF pilotes.

3. Gabon

     Eglise de Ouidah

Le besoin de renforcer la gouvernance et la recherche d’une administration publique performante et efficace ont conduit le Gabon à entreprendre des réformes fondées sur la budgétisation axée sur les résultats. Ainsi, depuis 2015, le Budget du Gabon est passé du mode moyen en mode Budgétisation par Objectifs de Programmes (BOP).

Or, si on veut s’inscrire dans le BOP, la réalité est que le budget de l’État s’exécute toujours en mode moyen (ou input) et non sur l’achat des résultats une fois que la performance est déjà achevée. Par ailleurs, nous constatons l’absence de processus, de procédures financières et de cadre juridique permettant de rémunérer les résultats sur base de la performance.

Le FBP apparait clairement comme une solution à la préoccupation de pilotage de la performance. Il permet une meilleure allocation des ressources de l’État aux différentes administrations sectorielles et de faire des économies car le FBP ne nécessite pas une augmentation des budgets. L’idée est d’abord d’utiliser d’une manière plus efficiente le budget déjà disponible. De plus, il permet de mieux motiver les agents sur la base de leur résultat.  Enfin, une plus grande responsabilisation des unités opérationnelles et une décentralisation de la gestion des moyens généreront un effet multiplicateur à booster l’économie locale.

Recommandations

  • Comprendre la non application des subsides FBP au sein du ministère de la santé ;
  • Application de la réforme FBP au sein du ministère du budget et des finances ;
  • Étudier les textes de la LOLFEB pour voir la compatibilité avec le FBP et l’introduire ;
  • Mettre en place les agences de mise en œuvre du PBF telles que le comité de pilotage, la CTN PBF, les régulateurs à tous les niveaux, l’agence de contractualisation et de la vérification ;
  • Inviter des experts du FBP à faire connaître les avantages de la réforme du PBF, organiser un atelier de formation pour les acteurs PBF, établir un plan de travail ;
  • Création des lignes budgétaires FBP dans le budget de l’État ce que signifie la suppression des lignes budgétaires « input » non performantes et la création des lignes « PBF » ;
  • Création d’un compte d’affectation spéciale pour bénéficier de l’appui budgétaire des différentes entités « autonomes » du Ministère des Finances.

4. Mali

        Bébé PBF du Mali à Cotonou

Le Mali a une population estimée à 20.3 millions habitants. Avec un revenu annuel par habitant d’environ 770 USD en 2017, le Mali appartient au groupe des 25 pays les plus pauvres du monde. 46% de la population ayant besoin de soins de santé a déclaré ne pas utiliser les services de santé, vu le coût trop élevé. Les employés et les fonctionnaires du secteur formel sont couverts par un régime d’assurance maladie obligatoire administré par une agence publique d’assurance semi-autonome. Le gouvernement soutient des régimes de soins gratuits (gratuité) en subventionnant des services spécifiques comme la césarienne, le traitement du paludisme, le VIH-sida …). Le gouvernement et la majorité des PTF appliquent le financement par « input ».

La qualité des soins est faible suite à l’insuffisance en ressources humaines et peu motivées, l’insuffisance d’infrastructure d’équipement et la rupture fréquente de médicaments et intrants. Cette situation est aggravée par l’insécurité persistante.

Le programme FBP

Pour faire face à ces problèmes suscités, le Mali s’est engagé dans la reforme FBR qui a connu deux projets pilotes dans la région de Koulikoro qui ont eu des résultats encourageants. Une nouvelle phase FBR est en train de préparation de 66.4 millions USD soutenu par la Banque mondiale, le gouvernement néerlandais et le GFF dans quatre régions avec en total une population cible de 5,8 millions d’habitants.

Le score du scan de faisabilité applique par le groupe de Mali à Cotonou est de 84%. Les problèmes principaux sont les suivants : 1. Le budget de $ 2,8 par personne par an est trop faible par rapport au $ 4.00 désiré ; 2. La contribution de l’État pour le FBR est nulle ; 3. Plusieurs parties signent les contrats FBR, ce que crée des problèmes de transparence car il n’est plus clair qui est responsable pour quelle activité.

Recommandations

  • Faire un plaidoyer auprès des autorités pour la mobilisation des ressources additionnelles ;
  • Rendre fonctionnel le cadre institutionnel (Comité de pilotage, CTN et ACV) ;
  • Poursuivre la formation des acteurs à travers l’organisation d’un cours FBR à Bamako ;
  • Élaborer une feuille de route avec les acteurs pour la résolution des problèmes identifiés.

5.  Niger

Ce pays Sahélo Saharien a une population d’environ 22 millions en 2018. Les problèmes du système de santé sont multiples : 1. La faible qualité des services ; 2. Une grande dépendance des agents communautaires non-qualifiés ; 3. Utilisation inéquitables des ressources humaines, financières et des intrants par région et ; 4. La multitude de gratuités généralisées pour les enfants 0-5 ans, les accouchements, la PF, sans qu’il existe des remboursements financiers fiables.

Le Niger a initié un processus de mise en œuvre de l’approche du Financement Basé sur la Performance (FBP) en 2015 sous financement de la Banque Mondiale. Ce projet pilote a été considéré comme un succès car il a amélioré la disponibilité en médicaments, l’hygiène, la mise à niveau du plateau technique, la réhabilitation et le renforcement du parc des motos. Au sortir de l’évaluation du test pilote, le processus devrait se poursuivre en 2016 à travers la mise à échelle progressive dans le pays. Malheureusement, la mise à échelle n’a pas eu place.

Un autre problème est que le scan de pureté du programme FBP, réalisé par les deux participants de Niger à Cotonou, a un score de faisabilité de seulement 18%. Pour cela, avant le démarrage du programme FBP, il sera nécessaire d’améliorer le montage du programme pour inclure les meilleures pratiques FBP.

Recommandations

  • Plaider pour que l’allocation du budget du programme FBP des PTF (Banque Mondiale et autres) soit au moins 4 $US par habitant par an. Les 6 districts dans les quatre régions de Dosso, Maradi, Tahoua, Zinder ont une population de 3.2 millions et cela signifie qu’on nécessite un budget FBP total de 24.5 milliards F CFA pour quatre ans. Tillabéry est déjà financé par le partenaire KFW pour un montant de 18.2 milliards de FCFA, mais cette intervention n’est pas une FBP « pure » et mélangé avec des éléments « input » afin qu’il soit moins efficace ;
  • Plaider pour une dérogation / révision des textes légaux afin que les formations sanitaires puissent se procurer les médicaments essentiels et autres intrants auprès de plusieurs grossistes / distributeurs pharmaceutiques opérant en concurrence. Cela nécessite également de renforcer le système national d’accréditation des grossistes pour garantir des médicaments de qualité.
  • Plaider pour la séparation des fonctions du payeur et de l’ACV (cas de l’ACVP de la Région de Tillabéry) à travers l’identification d’un nouveau payeur autonome ;
  • Conduire la restitution du plan d’action du cours et plaider pour dynamiser la CTN FBP nationale, rédiger le plan d’action FBP, organiser un cours FBP.
  • Sensibiliser les décideurs que l’introduction du FBP est plus réaliste pour achever la CSU, l’assurance maladie et des soins de santé gratuits ciblés.
  • Mettre en place une Task Force composée des personnes ressources nationales pour le soutien au PBF ;
  • Élaboration du nouveau manuel national intégrant le FBR communautaire.

RCA – secteur de la Sécurité et Justice

Il y a eu plusieurs crises politico-militaires ces dernières années en RCA et, par conséquent, le pays est classé dans l’Indice de développement humain à la 188e place sur 189. L’impunité généralisée est un facteur majeur de la résurgence des conflits armés. Cependant, un accord de paix en février 2019 donne l’espoir d’améliorer la sécurité et la justice dans le pays. Dans ce contexte, il est crucial que la population ait accès à la justice et cela doit être renforcé.

Ceci étant, les acteurs de sécurité tels que la police nationale, la Gendarmerie ont des effectifs vieillissants, manquant de matériel de travail et ne bénéficiant pas de formation de recyclage. La RCA est marquée par une absence de l’État sur une partie de l’étendue du territoire. En plus, le Ministère de la Justice et les Magistrats manque une indépendance de l’Exécutif. Il n’y a pas aussi une bonne autonomie de gestion de certaines structures comme les commissariats de police, la gendarmerie, les services pénitentiaires, les cours et les Tribunaux.

   Participant courageux !

Le programme PBF est une solution importante pour résoudre les problèmes et va appuyer directement les structures du gouvernement au niveau local (commissariats de police et les services pénitentiaires, les cours et les tribunaux) afin de le rendre capable de réaliser ses tâches principales par rapport à la sécurité et justice, en leur offrant des contrats de performance. Après l’étude de base, l’élaboration d’une approche d’un projet pilote à Bangui sera développé pour résoudre les problèmes auxquels sont confrontées les commissariats de police et les services pénitentiaires, les cours et les tribunaux et de les rendre plus professionnelles, indépendant et autonomes.

Recommandations

  • Rédiger les termes de référence pour le recrutement d’une équipe d’Assistance technique pour la réalisation de l’étude de base sur le programme PBF Sécurité et Justice. Les experts doivent avoir la compétence dans le développement des indicateurs quantitatifs et qualitatif, et une bonne maitrise du système judiciaire Centrafricain.
  • Organiser avec l’équipe d’Assistance technique un atelier de restitution et d’analyse de résultats
  • Formulation du programme PBF sécurité et justice en RCA par les Ministères
  1. République Centrafricain : ONG Première Urgence Internationale

      Participants attentifs pendant le jeu de role.

Le ministère de la Santé en RCA fait face à des défis majeurs pour fournir des services de santé. Le gouvernement a choisi le PBF comme approche pour réformer les services de santé et définir les rôles des différents acteurs. Le gouvernement et certains bailleurs tels que la Banque mondiale visent à mettre en place le PBF comme voie vers la couverture sanitaire universelle, mais d’autres bailleurs et certaines ONG soutiennent toujours le paradigme des intrants (« input ») et la gratuité généralisée. Ce dernier est également cimenté dans un décret présidentiel.

L’ONG Première Urgence Internationale travaille en RCA depuis plusieurs années, mais jusqu’à présent, a principalement soutenu la logique « input ». Selon l’évaluation du projet Bekou en 2018, l’Union européenne a proposé que pour la nouvelle phase du projet santé d’intégrer les leçons apprises tirés par le PBF dans les préfectures soutenues par la Banque mondiale. Ceci sous la direction du ministère de la Santé

L’analyse de faisabilité PBF réalisée par le participant de l’ONG Première Urgence Internationale à Cotonou a montré un score de 56%. Cela signifie qu’il est nécessaire d’aligner l’intervention prévue à Bangui sur les meilleures pratiques PBF. Cela devrait conduire à atteindre un score de faisabilité de 80% ou plus. Le budget quadriennal de 12,5 $ par personne et par an disponible donne la possibilité de formuler un excellent programme PBF dans la ville de Bangui.

 Cela nécessite des mesures suivantes :

  • Faire le plaidoyer avec la hiérarchie de l’ONG Première Urgence Internationale et du projet Bekou pour qu’ils acceptent les changements nécessaires pour harmoniser l’intervention avec le PBF ;
  • Préparer des PowerPoint qui résument la réunion ;
  • Préparer le cadre de l’encontre avec la hiérarchie de Première Urgence et de Bekou ;
  • Faire le plaidoyer et obtenir l’autorisation pour changer le contenu de l’intervention ;
  • Discuter les changements avec le coordinateur de la CTN-PBF de la RCA.

Une fois, que l’approche PBF est accepté par la hiérarchie, les activités et changements suivants peuvent être proposées :

  • Inclure les formations sanitaires privées et confessionnelles dans la contractualisation au lieu de seulement choisir les structures publiques ;
  • Inclure les indicateurs de PBF communautaire dans la proposition, comme notamment la Visite à Domicile selon un protocole ;
  • Intégrer le Paquet d’Activités Complémentaire dans l’intervention et inclure les 5 hôpitaux de Bangui dans l’intervention PBF. Ces hôpitaux sont dans la pratique des hôpitaux de district ;
  • Réduire le nombre des lignes financières « inputs » du programme Bekou et de les transformer en lignes subsides PBF ;
  • Faire un nouveau costing qui inclut les changements proposés et adoptés.
  1. RCA : Inspection du Ministère de la Santé et de la population

 Les objectifs de l’Inspection Centrale de la Santé en matière du PBF :

  • Contribuer à l’amélioration de la qualité, de l’efficience et de l’équité des structures de santé publiques, privées et confessionnelles.
  • Inspecter et contrôler les activités et le respect des normes des différents acteurs du PBF tels que la CTN PBF, les structures de la régulation à différents niveaux, les ACV, les prestataires de services, les ONG locales et les grossistes pharmaceutiques ;
  • Effectuer la contre-vérification de l’accréditation des formations sanitaires PBF.

L’expérience de la mise en œuvre du financement basé sur les résultats depuis 2010 (par Cordaid et un autre projet financé par la Banque mondiale) a généré des leçons très utiles en RCA. Le Gouvernement considère le financement basé sur les résultats, qui est au cœur de l’appui de la Banque Mondiale, comme un outil crucial pour instaurer une culture de redevabilité.

Les deux Inspecteurs centraux ont pris part au 82ème cours sur le PBF organisé du décembre 2019 à Cotonou. Au cours de cette formation, ils ont identifié les faiblesses suivantes à corriger pour garantir la bonne poursuite du programme :

  • Faible contribution du Gouvernement dans le financement du programme PBF ;
  • Implication limitée des acteurs du niveau central dans la gestion du PBF ;
  • Persistance du monopole d’achat des médicaments et autres intrants ;
  • Définition des tarifs des recouvrements de couts centralisée ;
  • Autonomie limitée de recrutement et licenciement des personnels de gouvernement.

Recommandations

  •  Faire un plaidoyer auprès du gouvernement en vue d’encourager la concurrence du marché des médicaments essentiels et autres intrants ;
  • Stimuler l’installation des distributeurs grossistes des médicaments à l’intérieur du pays ;
  • Accorder une large autonomie aux responsables des FOSA pour la gestion décentralisée des ressources humaines (recrutement et licenciement), de l’approvisionnement en médicaments et la tarification des couts ;
  • Rendre effectif le processus de contractualisation des acteurs et régulateurs du niveau central (directions, et autres services du ministère) ;
  • Plaidoyer auprès du ministre des Finances et du Budget pour le décaissement effectif des lignes PBF inscrit dans la Loi de Finance 2020.
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